Kinshasa : Une maison pour l'accueil des enfants des rues

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Ndako Ya BisoDepuis le début du mois d'octobre, nous avons quitté nos locaux provisoires prêtés par la paroisse Sainte-Christine pour nous installer dans une maison que nous louons à présent et qui abrite toutes les activités du projet.

Nous avons demandé aux enfants de nous trouver un nom pour la maison ; mais ils ont eu beau chercher, rien ne leur est venu spontanément. Cependant, entre eux, ils ont rapidement pris l’habitude de dire : "nous nous rendons à notre maison", ou "nous venons de notre maison". Nous avons été très touchés par cette expression et avons dès lors retenu ce mot pour baptiser à la fois la maison et le projet lui-même :
NDAKO YA BISO
Notre maison
Octobre et novembre ont été des mois de travaux d'aménagement : le mur de clôture a été relevé et un portail métallique placé pour bien fermer la parcelle et empêcher les entrées et sorties non contrôlées. Une deuxième douche a été construite ainsi que deux bacs à lessive. Des nouvelles serrures ont été placées sur chaque porte de la maison. L'électricité intérieure a été refaite. Et ce n'est qu'à la fin du mois de novembre que nous avons enfin eu l'eau courante dans la maison.

Horaires de la maison :
La maison reste fermée le matin, les enfants étant invités à vaquer à leurs petites occupations lucratives sur le marché.

Ils sont accueillis à partir de midi. Ils peuvent prendre une douche, faire leur lessive, se reposer ou jouer (il y a un baby-foot, des billes, des ballons et une bonne cour extérieure). De 15h à 16h30 ont lieu les cours d’alphabétisation, en deux groupes différents suivant leurs niveaux. C’est également le moment où ils peuvent faire se faire soigner à l’infirmerie. Puis, à 16h30, un repas chaud leur est servi, avant qu’ils ne repartent pour rejoindre le rond-point.

L'objectif est de leur assurer de meilleures conditions de vie, dans une ambiance familiale, mais pas de leur offrir un logement ou une maison d'accueil, le but véritable étant de les amener à prendre eux-mêmes la décision de retourner dans leur famille. Ce nouveau climat d'accueil semble faire son effet, plusieurs enfants qui ne parvenaient jusqu’alors pas à faire ce choix nous ont demandé récemment de les aider à retrouver leur famille.

Alimentation :
Dès le mois de novembre, la Caritas ayant accepté de nous offrir chaque mois quelques sacs de farine de maïs, nous avons pu commencer à servir un repas chaud quotidien aux enfants.

Le démarrage de cette « cantine » a été couronné de succès et a entraîné une plus grande régularité dans la fréquentation du centre par les enfants. Ce service exige de nous un important travail supplémentaire ; heureusement, les mamans de la paroisse ont accepté de venir chaque jour préparer le repas des enfants : deux ou trois mamans viennent chaque jour de la semaine suivant un calendrier qu'elles ont établi avec Brigitte qui a pris la responsabilité de l'organisation des repas.

Nous avons profité du démarrage de la cuisine pour administrer à tous les enfants un médicament de déparasitage intestinal, ce que nous ferons tous les trois mois désormais, en raison de leurs conditions d'alimentation difficiles dans la rue.

Santé :
Une petite infirmerie accueille les enfants de la rue tous les après-midi de 15 à 17h dans notre maison.
Martin et Suzanne, deux jeunes de la Communauté du Chemin-Neuf qui viennent d’achever leurs études d'infirmier, y assurent bénévolement les permanences. Ils y soignent les nombreuses blessures des enfants et traitent les affections courantes qu’ils présentent : maladies de peau ( teigne et mycoses), paludisme, brûlures...

Alphabétisation :
Les enfants viennent volontiers aux cours d’alphabétisation et y apprennent une certaine discipline collective. Le nombre d'enfants présents à chaque cours varie entre 17 et 25. Ils sont divisés en deux niveaux : ceux qui ne savent pas écrire ou très peu et ceux qui se débrouillent déjà. Les jeunes du deuxième cours sont motivés et progressent bien en français et en calcul. Nous rencontrons plus de problèmes avec les enfants du premier niveau (analphabètes), certains évoluent difficilement parce qu'ils sont habitués à prendre de la drogue et n'arrivent pas à concentrer leur attention. Fanny et Brigitte se partagent les cours : l'une se charge des plus avancés, l'autre des débutants (lecture, écriture et calcul).

Réinsertion familiale :
Durant les deux derniers mois, notre équipe a été sérieusement éprouvée dans son travail, Arnold ayant rencontré de gros soucis suite à la maladie de son épouse (elle va mieux aujourd'hui), et Fanny, notre jeune et dynamique « étudiante-enseignante » étant hors course pour un certain temps, ayant attrapé la tuberculose.

Malgré cela, nous avons eu la joie de réinsérer 7 enfants dans leur famille. Vous pouvez lire le résumé de leur histoire sur notre site Internet. Ces réinsertions, à l’exception de l’une d’entre elle qui demandera un suivi très vigilant de notre part, semblent durables et peuvent être considérées comme définitives. C’est pour nous une belle récompense !

Depuis le 1er décembre, nous avons engagé Martin à plein temps comme deuxième animateur pour le centre. Sa compétence et son amour des enfants sont les bienvenus et soulageront Arnold. Logé sur place, Martin fait également office de gardien de nuit pour notre maison. Un gardien de jour, Jean-Pierre, a été engagé de manière à pouvoir assurer une permanence d'accueil.

L'équipe est ainsi passée en trois mois de 2 à 5 personnes. Et la maison s'est vraiment mise en route. Le déménagement d'Arnold (à proximité de notre nouvelle maison) et la maladie de Fanny ont certes un peu désorganisé le travail ces derniers temps mais, heureusement, deux nouveaux jeunes bénévoles, Anne-Marie et Pater, viennent chacun nous donner deux après-midi dans la semaine pour aider à l'alphabétisation et à l'animation des enfants.

Jean-Pierre Godding
Responsable du Centre Ndako Ya Biso
15 décembre 2005

Si vous voulez nous aider, vous pouvez parrainer les enfants des rues de Kinshasa.