SOS Enfants, l'ancien blog

Depuis le passage de Gafilo, quelques manguiers et arbres à litchis ont repoussé, mais il faudra trois ans avant qu’ils ne donnent du fruit. Reste le manioc, principale culture actuellement autour d’Ambodirafia ; pour planter le manioc, les villageois débroussaillent en allumant des feux qui, malheureusement, s’étendent souvent à la forêt. J’ai été frappée par le nombre de parcelles de terres brûlées. Didier Buthmann, responsable de l’école et des activités soutenues par SOS Enfants à Ambodirafia, m’a dit qu’il tentait de sensibiliser les gens aux conséquences de la désertification ; dans ce but, il a installé dans la cour de l’école un magnifique panneau sur lequel on peut lire en malgache et en français : « Pas d’arbre, pas de pluie » !

L’école d’Ambodirafia compte, pour la rentrée 2005, 213 enfants pour 156 l’an dernier. Devant cet afflux de nouveaux élèves, l’administration a nommé une institutrice, Madame Franceline, pour venir prêter main forte à Mesdames Claudine et Delphine, les deux institutrices prises en charge par SOS Enfants. Un nouveau directeur a également été nommé depuis le 15 novembre. Quatre enseignants pour 213 élèves !! On peut parler là de classes surchargées, et pourtant les enfants sont très disciplinés. Je suis restée très admirative devant les rangs parfaitement formés devant les classes à 7h30 le matin, heure à laquelle débutent les cours. Les enfants arrivent avec leur cartable et, depuis début 2005, un morceau de bois qu’ils déposent, en arrivant, devant la porte de la classe. C’est le bois qui sera utilisé pour cuire le repas que Chris, la cuisinière, leur servira vers 9h30.

La cantine !! La fierté du village !!

Le repas offert aux enfants n’est qu’une bouillie de manioc, de maïs ou de banane à cuire mais elle est délicieuse, j’y ai goûté ! Les enfants attendent devant la porte de la cantine, toujours en rangs, les plus petits d’abord. C’est une jolie maison traditionnelle construite en ravinala, l’arbre du voyageur ; son tronc sert à fabriquer le plancher, ses branches sont tissées pour former les cloisons et ses feuilles couvrent de façon étanche l’ensemble.

Après cette collation, les élèves sont prêts à affronter la fin de la matinée. Les cours se terminent à 13h, laissant ainsi la possibilité aux enfants d’aider leurs parents dans les tâches ménagères ou autres. Vente du poisson ou des fruits et légumes au marché, jardinage, confection de paniers ou de nattes… les travaux ne manquent pas.

Pourtant, les deux nouvelles activités proposées aux villageois ont beaucoup de succès : la bibliothèque d’abord, qui fonctionne depuis quelques mois déjà et dont les enfants raffolent. L’atelier de couture ensuite, que nous avons initié en apportant dans nos bagages deux machines à coudre dans le but de former quelques jeunes filles à la confection de blouses, l’uniforme que portent tous les écoliers de Madagascar. Nous avons pu, en quinze jours, donner les bases nécessaires à quelques jeunes et à une maman qui s’est engagée à faire une blouse pour chacun des élèves de l’école du village.

Nous avons quitté Ambodirafia avec le sentiment que le village évolue. Les projets d’installation d’éoliennes pour alimenter l’école et permettre la mise en marche de congélateurs destinés aux pêcheurs, de création d’un atelier de menuiserie pour les élèves ne pouvant aller au collège, tout cela témoigne du souci de chacun de construire un avenir meilleur aux enfants d’Ambodirafia. Que cette année 2006 leur soit favorable !