Kinshasa : Accueil et réinsertion des enfants des rues

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Ndako Ya BisoAprès trois ans d’existence du centre et de travail auprès des enfants de la rue à Kinshasa, nous avons tenu au mois de janvier une réunion d’auto-évaluation qui a permis de faire le point sur les relations des animateurs avec les enfants et les familles, le travail de l’équipe et les attentes de chacun pour 2008.

Nous avons pu pour cela nous appuyer sur quelques chiffres extrêmement encourageants : En 2007, selon les statistiques de Save The Children, Ndako Ya Biso est la 3ème ONG de Kinshasa en ce qui concerne le nombre de réunifications familiales : nous avons pu ramener chez eux 80 enfants, avec très peu de rechutes enregistrées.
Et, d’après Médecins du Monde qui supervise à Kinshasa le domaine de la santé des enfants de la rue, notre dispensaire est le 2ème de la ville en terme de fréquentation !
La petite équipe du départ a grandi. Nous sommes aujourd’hui une douzaine d’animateurs et nous encadrons à présent 200 enfants environ, avec plus de 150 enfants déjà réunifiés en famille que nous suivons régulièrement chez eux, dans les écoles ou les centres de formation professionnelle où nous les avons inscrits.
Chaque jour, nous accueillons de 40 à 50 enfants qui viennent au centre pour prendre un repas chaud, se faire soigner, se laver et faire leur lessive, suivre les cours d’alphabétisation, se reposer et se détendre en toute sécurité, loin des dangers de la rue… Mais ces enfants viennent surtout pour arriver à parler de leurs problèmes et être écoutés.

La plupart des enfants ont connu de très grandes souffrances et il est très difficile pour eux de partager, voire simplement de communiquer. L’animateur doit créer une relation de confiance, il doit être patient car cela demande du temps. Mais la réinsertion de l’enfant en dépend, elle ne durera pas longtemps sinon.
L’écoute de l’enfant doit être attentive à son cheminement, à sa prise de décision. L’enfant a besoin d’un soutien lui permettant de faire le choix et de s’y tenir : « Je veux quitter la rue, et voilà pourquoi. » Sans une décision personnelle et motivée de l’enfant, le ramener dans sa famille ne sert à rien car il rechutera.

Pour une réunification réussie, nous centrons notre action sur l’enfant et sa famille, la famille et sa souffrance, sa situation de crise et la possibilité de reconstruction humaine et économique. Dans leurs recherches des familles, les animateurs se retrouvent trop souvent face à des situations de misère totale, d’habitations délabrées, complètement insalubres, de familles déchirées, de maladie grave, de handicap lourd… La violence est partout, autant dans les conditions de vie subies par les familles que dans leurs relations, entre adultes et avec leurs enfants. Dans de telles conditions, ramener un enfant chez lui semble humainement et matériellement impossible ; pourtant, nous ne baissons pas les bras.

Nous cherchons différents moyens de consolider ces familles afin d’assurer la stabilité de l’enfant : les micro-crédits pour les mamans sans ressources, la garantie locative pour un meilleur logement, la gestion des conflits familiaux. Le suivi ultérieur des enfants et de leur famille est essentiel. Il demande, lui aussi, beaucoup de temps et d’attention. Les inscriptions et le suivi dans les écoles doivent être très rigoureux pour éviter les rechutes.

Pour 2008, toute l’équipe de Ndako Ya Biso veut un centre encore plus accueillant et plus sécurisé. Au niveau des activités, nous voulons mettre l’accent sur les jeux et la détente, et tout particulièrement les sorties récréatives en dehors du centre, sources d’apaisement et de reconstruction.

C’est ainsi que, cet hiver, nous avons emmené pour la première fois en sortie 15 filles de la rue, dont trois accompagnées de leur bébé. Un grand moment de joie pour elles, l’occasion de se détendre, de danser, de nager dans la rivière et de prendre un bon repas ; mais aussi l’occasion pour les animateurs d’aborder avec elles des questions importantes comme la contraception, la protection contre le sida et la conscience de leur dignité de femmes. Nous avons essayé de mieux cerner l’aide qu’elles attendaient de nous et de définir avec elles nos possibilités d’intervention. Dans un premier temps, nous mettons l’accent sur leur santé et la réunification familiale pour celles qui la demandent.

2008 sera une année intense pour Ndako Ya Biso. Et, face au nombre sans cesse croissant de réunifications dans des quartiers parfois très éloignés, il nous faudra trouver les moyens humains et matériels suffisants pour mener à bien cette mission qui nous a été confiée auprès de ces enfants et de ces familles si vulnérables.

A vous tous qui soutenez notre action, merci très sincèrement.

Jean-Pierre Godding
Responsable du Centre Ndako Ya Biso
Février 2008

Si vous voulez nous aider, vous pouvez parrainer les enfants des rues de Kinshasa.