Kinshasa : Accueil et réinsertion des enfants des rues

en savoir plus sur ce centre d'accueil pour enfants des rues à Kinshasa

Ndako Ya BisoC’est un semestre riche en émotions que nous venons de passer. Le reportage télévisé diffusé sur TF1 en mars a eu sur le fonctionnement de Ndako Ya Biso un impact que nous n’aurions jamais soupçonné. Vous avez été nombreux à nous manifester votre solidarité et nous vous en remercions très sincèrement. Les enfants ont largement bénéficié de votre générosité qui a sensiblement modifié leurs conditions de vie. Le Centre a pu être rénové et repeint à neuf, et c’est peu dire qu’il en avait besoin car les locaux étaient vraiment vétustes. Des casiers individuels fermant à l’aide d’un cadenas ont été installés et mis à leur disposition, en réponse à une demande pressante qu’ils nous faisaient. En effet, ils souhaitaient tous pouvoir mettre à l’abri les maigres biens qui sont les leurs et qu’ils se font régulièrement voler lorsqu’ils prennent un peu de repos la nuit dans la rue.
A leur grande joie, nous avons également pu distribuer de votre part vêtements et nourriture et plusieurs sorties récréatives ont été organisées, bouffées d’oxygène dans leur quotidien morose.

Nous avons constaté avec satisfaction que les enfants sont de plus en plus nombreux et assidus aux séances d’alphabétisation et aux cours de remise à niveau scolaire, c’est encourageant et très important pour leur réinsertion car la scolarisation en est la clé essentielle : à Kinshasa, un enfant désoeuvré est un enfant en danger. C’est pour cette raison précisément que nous envisageons, à l’approche des vacances d’été, de distribuer des ballons aux enfants déjà réinsérés dans leur famille afin de favoriser, le temps des vacances, une activité qui les occupera sainement.
Pour ceux d’entre vous qui n’ont pas pu voir le reportage d’Emmanuel Reitz sur TF1, voilà le résumé que fait le journaliste de son séjour à Ndako Ya Biso cet hiver :

« Le tournage s'est très bien passé, l'équipe du Centre nous a vraiment bien aidés et a été à notre disposition tout en étant à l'écoute de ce que nous désirions filmer. Nous nous sommes appuyés sur 3 exemples tout en restant autour du rond point Ngaba qui a été le centre névralgique de nos préoccupations.
Nous avons suivi le petit Frank, 13 ans surnommé Kabila, en médiation dans sa famille qui ne souhaite pour l'instant absolument pas aller au stade de la réunification. Nous l'avons suivi dans son quotidien diurne et nocturne autour du rond point.
Et puis aussi Eric que nous avons ramené à la maison pour une réunification. Nous avons ainsi compris que, quelquefois, les enfants préfèreraient rester encore dans la rue car ils réintègrent leur foyer dans des conditions difficiles (ils dorment à 9 ou 10 dans moins de 10m2).
Il y a aussi l'histoire du petit Joseph 8 ans et de son frère 10 ans, rentrés à la maison après un séjour dans la rue mais toujours considérés comme "sorciers" par la famille. Ils ont subi une séance de "libération" avec un prétendu pasteur. Moment très fort car nous avons vu la violence de cette séance qui, évidemment, n'a servi à rien. Arnold, très sensible, avait les larmes aux yeux et nous a montré que ce travail de charlatan "cassait" des mois de travail de la part des éducateurs. Ces enfants ont été ensuite emmenés dans une association tenue par des soeurs en attendant un placement dans une famille d'accueil.
Nous avons également filmé un des leaders du rond point Ngaba (De Boss) qui nous a présenté "ses" enfants de la rue. Le tournage a parfois été difficile, surtout en extérieur où la population est plutôt agressive envers les caméras mais la présence d'Arnold et de Martin qui les connaissent bien nous a permis d'éviter une émeute, voir une agression ou un vol de matériel. »


Vous trouverez ci-joint des témoignages de réunifications représentatifs des situations si douloureuses qui ont conduit ces enfants à la rue : Kabila, Ruben et Joseph ont vécu le calvaire des enfants accusés de sorcellerie, Yves, Antoine et Samuel sont les boucs émissaires des drames qui déchirent les familles et Lomami est l’innocente victime de l’extrême misère et de la grande vulnérabilité d’une large part de la population kinoise. Ils font partie de la quarantaine d’enfants que nous avons pu ramener chez eux ces cinq derniers mois. Nous n’aurions pu y parvenir sans votre aide et c’est très sincèrement que nous vous en remercions.

Jean-Pierre Godding
Responsable du Centre Ndako Ya Biso
Mai 2008

Si vous voulez nous aider, vous pouvez parrainer les enfants des rues de Kinshasa.