Enfants de Kinshasa : tragique exemple parmi tant d'autres …

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L'histoire terrifiante de deux frères, Shadrack et Isaac…
Enfants des rues de Kinshasa Nous avons recueilli ces deux garçons dans une église de réveil, accusés de sorcellerie, en train d’être traumatisés pour être exorcisés. Nous les avons confiés à la garde de leur mère biologique mais, quelques temps après, Isaac a du partir vivre chez sa grand-mère car leur maman ne pouvait plus les garder tous les deux. Après le départ d'Isaac, Shadrack a subi les maltraitances les plus atroces par sa mère. Heureusement, nous avons visité cette famille au bon moment, nous avons trouvé l'enfant presque mourant et nous l'avons conduit à l’hôpital, puis confié à une famille d’accueil où il a été bien accepté et où il évolue très bien.
Entre temps, le père avait repris le travail et voulait récupérer ses enfants. Isaac a été de retiré de chez la grand-mère maternelle pour habiter avec son père. Mais hélas, la nouvelle femme de celui-ci a commencé à le maltraiter.
Dès l’arrivée d’Isaac, selon les dires de la belle-mère, le travail du père n’était plus prospère. Toujours selon ses dires, c'était de la faute d'Isaac qui est un sorcier et bloque de façon mystérieuse le travail de son père. Comme dit-on le malheur ne vient jamais seul, le père, chauffeur d’une entreprise de la place, a eu un accident sur la route du Bas-Congo, la nuit. Isaac fut là encore bouc émissaire, il dut accepter et reconnaitre sa sorcellerie !
En peu de jours, la santé physique et mentale de l’enfant dégringola, il a fondu et il est devenu irrégulier en classe. Et s’il ne revient pas directement à la maison après l’école, la famille l'accuse de disparaître pour rencontrer sa bande de sorciers. Pendant nos visites de suivi, Shadrack et Isaac, chacun de son côté, ne cessaient de demander des nouvelles de l’autre. Isaac en particulier passait un moment difficile car la belle-mère lui disait que Shadrack était décédé par sa faute, que par sa sorcellerie il avait tué son frère et que lui-même risquait gros à présent.

Nous avons alors provoqué une rencontre entre les deux frères. Ils se sont retrouvés dans un terrain neutre, chez un animateur de Ndako Ya Biso qui habite à mi-chemin. Une rencontre pleine de couleurs, les enfants ne cachaient aucune de leurs émotions. Shadrack, l’aîné, ne parvenant pas à retenir ses larmes, vient embrasser son frère. Surpris, le croyant mort, le cadet crie : « Je ne te connais pas petit Shadrack » et Shadrack de dire : « Regarde bien Isaac, c’est bien moi Shadrack » et les deux garçons se serrèrent la main. Un moment de silence s’imposa où les enfants s’observaient. L’animateur et toute sa famille observaient le spectacle. Isaac grignotait son pain, Shadrack ne s’inquiétait de rien, laissant son frère le temps de terminer son petit déjeuner. Isaac reprend la parole, déboussolé, agressif : « Toi, tu étais déjà mort, non ? Mais d’où viens-tu ? Tu es devenu tout noir et joufflu » (Isaac fait allusion à l’état dans lequel il était quand il avait été séparé de Shadrack, mal nourri, malade et les cheveux tout rougis par le kwashiorkor) Shadrack ne trouvait rien à dire, les mains jointes, il balbutiait « Je vais te taper, ainsi tu verras que c'est bien moi et que je suis bien vivant… ». Isaac le reconnut alors, ensuite, ils bavardèrent sans plus pouvoir s'arrêter… Le moment de la séparation fut très dur. Isaac voulait suivre son frère Shadrack mais ce n'était pas possible. En pleurant, Shadrack disait à son frère « Rentre chez toi, si je t’amène chez nous, nous serons tous deux mis dehors! ». Et Isaac, le plus affecté, de répondre : « Reste avec moi, je suis maintenant tout seul, toutes les accusations tombent sur moi seul, ne m’abandonne pas ! ».

Les animateurs ont ensuite ramené les deux enfants dans leurs familles, Shadrack chez sa maman d’accueil et Isaac chez son papa en lui donnant beaucoup de consignes et conseils pour bien soigner son fils. Mais il reste beaucoup à faire pour ces deux frères, surtout pour Isaac. Nous y veillons jour après jour...

Les responsables du Centre Ndako Ya Biso
Septembre 2010

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Commentaires

1. Le mercredi 13 juillet 2011, 17:18 par lhihuji

ils ont eu beaucoup de courage pour tenir le coup, félicitations !