Et si nous faisions en sorte qu’il n’y ait plus d’enfants des rues à Gisenyi ?

en savoir plus sur le parrainage d'enfants au Rwanda

Les jeux des enfants des rues au Rwanda Faire en sorte qu’il n’y ait plus d’enfants qui vivent dans la rue : c’est la mission que se sont donnée le Point d’Ecoute et SOS Enfants. Mais le chemin est long et semé d’embuches.

Depuis toutes ces années, bon nombre d’enfants ont retrouvé leur famille. Le Point d’Ecoute poursuit son accompagnement pour s’assurer que l’enfant va bien et que ses relations avec les siens sont bonnes. Mais les conditions de vie restent difficiles. La faim qui avait poussé l’enfant à partir dans la rue est trop souvent l’élément qui met en péril la stabilisation de la famille. Les mamans seules qui élèvent leurs enfants sont souvent dépassées et quand la maladie survient, c’est tout le fragile équilibre qui s’effondre.

Aujourd’hui, on assiste à une recrudescence du nombre d’enfants quittant leur famille. Les principales causes peuvent être le décès d’un des parents, voire des deux, ou encore l’incapacité des parents à trouver un travail régulier. Les mauvaises conditions de vie ne font alors que s’aggraver.
Depuis quelque temps, ce phénomène des enfants des rues interpelle les autorités et des mesures drastiques ont été mises en place pour y faire face, comme par exemple les ramener de gré ou de force dans la famille et obliger chaque enfant à aller à l’école.
Journée de rassemblement des enfants des rues de Gisenyi au Rwanda Aller à l’école est certainement le rêve de tous les enfants, mais ces mêmes autorités ont oublié que c’est difficile quand on a faim, que l’on n’a pas les moyens d’acheter l’uniforme scolaire obligatoire, que la famille ne peut pas s’acquitter de la cotisation pour la MUSA – Mutuelle de santé ou que tout simplement on n’a pas un vrai lieu pour vivre.
Comment faire alors ?

Voilà pourquoi il y a quelques jours, une journée de rencontre a été organisée au Point d’Ecoute de Gisenyi par l’administration locale. Regroupant tous les acteurs de la société civile ainsi que les responsables administratifs et les forces de l’ordre, elle avait pour but d’écouter ces enfants qui n’ont pour l’instant pas d’autre choix que vivre dans la rue, et d’essayer ensuite de trouver des solutions à leurs problèmes.

Trois groupes d’enfants ont été rassemblés. Le premier était constitué d’une centaine d’enfants et de jeunes vivant dans la rue. Se sont ajoutés à eux trente enfants qui ont quitté la rue pour retourner vivre dans leur famille et sont maintenant scolarisés de façon régulière.

Le troisième groupe était composé d’une quarantaine de jeunes enfants issus des familles les plus démunies, des enfants vulnérables considérés comme en grand danger car susceptibles à tout moment de partir vivre dans la rue, simplement pour essayer de se débrouiller par eux-mêmes pour trouver de quoi manger, de quoi survivre.

Des enfants désespérés qui pensent n’avoir plus rien à perdre en quittant la maison.
Journée de rassemblement des enfants des rues de Gisenyi au Rwanda Le Point d’Ecoute a insisté pour que soient également présents quelques anciens de la rue des plus grands devenus aujourd’hui de jeunes adultes. Forts de leur réinsertion réussie, ils peuvent témoigner de leur histoire et de leur parcours pour inciter aux enfants encore dans la rue à retourner en famille et à reprendre leur scolarité.

Pour démarrer cette journée, le Point d’Ecoute a présenté ses activités avec les enfants en situation de rue, notamment la réinsertion familiale, la scolarisation, la formation professionnelle etc...
Le responsable d’une autre ONG s’est adressé aux enfants pour leur exposer les conséquences infiniment néfastes d’une vie dans la rue, les problèmes engendrés par la non scolarisation et l’abandon scolaire, les méfaits du travail des enfants dans la rue. Tous ces facteurs empêchent les enfants de préparer leur avenir, ils doivent en prendre conscience.

Après différentes interventions des responsables des autorités, il a été donné aux enfants et aux jeunes la possibilité de s’exprimer et d’exposer les difficultés auxquelles ils se heurtent dans leur quotidien.
Fratrie d'enfants des rues très vulnérables au Rwanda
Ils ont posé beaucoup de questions et parmi elles, nous avons retenu les plus pertinentes :

- De nombreux jeunes en situation des rue ne peuvent pas avoir une carte d’identité parce qu’ils ne sont pas enregistrés dans les livres de l’état civil.
Un jeune raconte qu’il est allé demander une carte d’identité et qu’il n’a pas pu en obtenir car on lui a demandé d’amener d’abord la carte d’identité de sa mère alors que cette dernière est morte.

- Une fratrie sans famille, dont les parents sont morts sans rien laisser comme patrimoine, se demande où aller vivre ailleurs que dans la rue.

- Un jeune chef de ménage de 16 ans a abandonné l’école au décès de ses parents pour partir dans la rue chercher de quoi assurer la subsistance de ses petits frères et sœurs. Il voudrait bien suivre une formation professionnelle, mais alors ses frères n’auraient plus de moyens de survivre et eux aussi risqueraient de venir dans la rue.

- Un jeune de 13 ans raconte qu’il est retourné à l’école suite à la recommandation du chef de l’Etat lors de sa visite à Gisenyi. Il est en 1ère année primaire mais il explique qu’il n’est pas dans de bonnes conditions pour étudier car il ne sait où aller et après l’école, il regagne toujours la rue. Comment peut-il espérer réussir son année scolaire en dormant dehors toutes les nuits ? Les enfants qui sont prêts pour regagner le banc de l’école se heurtent au problème de manque de nourriture, uniforme et matériel scolaire.

- Un tout jeune adulte qui vit dans la rue explique qu’il finance les frais scolaire pour sa petite sœur mais qu’il n’a pas assez de moyens pour payer la scolarisation de ses autres petits frères. Comment peut-il faire ?
Enfants des rues de Gisenyi au Rwanda Beaucoup d’autres questions posées tournaient autour de la pauvreté des familles qui amène des enfants à fuir dans la rue.

Un jeune a beaucoup touché l’assistance en disant qu’avant de les considérer comme des voyous, il faut d’abord les écouter afin de mieux comprendre pourquoi ils sont dans la rue.

Fratrie d'enfants des rues très vulnérables au RwandaPuis, en réponse, les enfants accompagnés par le Point d’Ecoute se sont aussi exprimés. Ils ont parlé de leur retour à la maison, de leurs parents qui pour certains ont intégré l’association Tabarabana, créée par le Point d’Ecoute pour accompagner ces familles vers une amélioration de leurs conditions de vie.

Avec beaucoup d’émotion, ils ont partagé leur retour à l’école, parlant avec reconnaissance et fierté de l’uniforme qu’ils reçoivent chaque année. Beaucoup d’entre eux viennent prendre le repas du midi au Point d’Ecoute. Le ventre plein, ils arrivent à mieux suivre les cours

Le Point d’Ecoute paie leur adhésion à une Mutuelle de Santé, ce qui soulage grandement la famille. Une aide pour renforcer la situation économique de la famille (petit élevage, commerce, etc) est aussi proposée.

Mais il reste encore beaucoup à faire.

Fratrie d'enfants des rues très vulnérables au RwandaDes enfants retournés vivre au sein de leur famille demandent un encadrement très fort. Il faut rester vigilants et très présents pour leur donner une chance de prendre en main leur destin.

Cela peut se traduire par des gestes simples, donner des couvertures, un appui alimentaire, apporter un microcrédit à la maman pour démarrer un petit commerce, une activité génératrice de revenus

Avec l’aide des parents regroupés au sein de l’association Tabarabana, le Point d’Ecoute peut aussi prendre en charge la réhabilitation des habitations pour garantir la stabilisation des familles.
Oui, il reste encore beaucoup à faire

De trop nombreux enfants vivent encore dans la rue, il faut les accompagner sur le chemin de la réunification familiale. Mais il faut aussi éviter que de nouveaux enfants ne choisissent de rejoindre la rue et intervenir avant qu’ils ne quittent leur famille.

C’est tous ensemble que nous pouvons relever ce défi :
éradiquer le phénomène des enfants des rues.
Faisons en sorte que ces familles restent ensemble, unies.
Donnons aux parents les moyens
d’offrir un avenir meilleur à leurs enfants.

Pour favoriser sa réinsertion, vous pouvez parrainer un enfant des rues au Rwanda.