Kinshasa : quelques nouvelles de Ndako ya Biso

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Ndako Ya BisoJoie de pouvoir penser à chacun de vous en ce début d’année, à me réjouir de votre amitié et de vos nouvelles. Mais, moi-même je ne vous écris guère, je suis tellement pris par toutes nos activités ici à Kinshasa ; et puis la poste n’existe pas et le courant est tellement irrégulier !

Le premier janvier, j’ai commencé par visiter l’oncle et la tante de Franck, surnommé Kabila. Franck a 15 ans, il a fait 4 ans dans la rue. Ses deux parents sont morts du sida. Son oncle avait bien voulu le recevoir mais son épouse l’avait refusé. Nous l’avions placé alors dans l’internat d’une école primaire, rentrant chez son oncle pour les vacances. Il avait tenu ainsi une année entière, mais au mois de juillet dernier il était retourné dans la rue. En octobre nous avons pu le placer dans un centre de formation professionnelle des Salésiens, et l’oncle en a été très content : l’enfant est apaisé, changé. Dans ce centre de formation, il a retrouvé confiance en lui-même et veut poursuivre sa formation.
Mais le même jour, c’est Samuel que j’ai retrouvé devant ma porte. Il avait fait trois ans dans la rue, rejeté par sa famille comme sorcier ; nous l’avions réunifié chez sa maman qui le considère comme « un accident de jeunesse » et l’accueille sans l’aimer. L’enfant est entièrement fermé sur lui-même et ne dit presque rien. Cette fois, c’est le propriétaire de la parcelle qui l’a chassé en le considérant comme un « sorcier », et sa mère n’a rien pu faire pour l’en empêcher…

Quoi qu’il en soit, nous avons pu réunifier cette année 112 enfants dans leurs familles (80 l’an passé), sans compter les 200 enfants déjà réunifiés que nous continuons à suivre en vue de leur stabilisation dans leurs familles ; nous avons identifié quelques outils pour aider les enfants à rester dans leurs familles : la formation scolaire ou professionnelle, l’appui en micro-crédit à la maman responsable, l’appui pour l’amélioration de l’habitat familial et la gestion des conflits familiaux ; c’est ainsi qu’avec nos 15 animateurs, et grâce à l’aide de tous nos amis qui nous appuient, nous allons chaque jour sur le terrain à la rencontre des nouveaux enfants qui descendent dans la rue et des enfants réunifiés que nous continuons à suivre chez eux.

C’est une grande joie de voir certains enfants progresser à la maison, comme Junior, réunifié il y a deux ans à Kisangani, et qui vient de nous écrire une lettre de bonne année en nous remerciant de ce que nous avions pu faire pour lui, il est maintenant premier de sa classe en 5°année secondaire et dit dans sa lettre qu’il encourage tous les enfants fréquentant encore notre centre à rechercher à rentrer dans leur famille !
La grande nouvelle de cette année, c’est l’achat, fin novembre, d’une grande parcelle de 50x40m en vue de pouvoir construire et aménager notre centre des enfants de la rue; il faudra maintenant encore un grand travail (et une aide importante !) pour construire une clôture et le bâtiment d’accueil ! Malheureusement, les conditions de vie de la population ne s’améliorent pas du tout à Kinshasa, il n’y a toujours pas de travail pour la population, et chaque jour de nouveaux enfants descendent dans la rue (on estime leur nombre à 15.000).

Voilà quelques nouvelles de ce que nous faisons. Le contexte n’est pas facile : la population est très courageuse, patiente, très ouverte, les relations faciles ; mais cette population apparaît presque totalement abandonnée de ses dirigeants. Les infrastructures sont toujours en très mauvais état : irrégularité de l’eau et de l’électricité, routes souvent impraticables, véhicules en très mauvais état… La vie est souvent fatigante. Nous aimerions œuvrer à des programmes de développement mais les conditions ne permettent le plus souvent que de travailler à des projets de survie et d’assistance.
Chaque enfant réunifié dans sa famille, chaque enfant tout propre dans son uniforme scolaire sont signes d’espérance et sources de joie. Le sourire de ces enfants, leur « bonjour Jean-Pierre » et la gratitude de leurs parents nous encouragent à poursuivre plus loin.
Avec toutes mes amitiés à chacun de vous, en vous remerciant sincèrement pour votre aide.

Très bonne année…

Jean-Pierre Godding
Responsable du Centre Ndako Ya Biso
Janvier 2009

Si vous voulez nous aider, vous pouvez parrainer les enfants des rues de Kinshasa.