Rwanda : les rassemblements des enfants des rues

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‘’Ce que vous faites pour moi sans moi est contre moi‘’ a dit Gandhi.Rassemblement des enfants des rues au Point d'Ecoute
On ne peut pas prétendre résoudre le phénomène ‘’enfants des rues’’ sans dialoguer avec ceux qui sont les premiers concernés, c’est-à-dire les enfants eux-mêmes.
Approcher ces enfants, dialoguer avec eux permet de gagner leur confiance et les incite à s’ouvrir, à se livrer peu à peu, jusqu’à les amener enfin à participer activement à la recherche de solutions à leurs propres problèmes.

C’est dans ce but que sont organisées au Point d’Ecoute des séances quotidiennes de rassemblement. Les enfants y viennent en toute confiance et se sentent dans un climat de joie, dans une bonne ambiance où ils peuvent se détendre ; les enfants trouvent une opportunité de se défouler, de parler de leur identité, de leur passé au village et les informations reçues permettent à l’animateur de mieux cibler le travail à faire avec tel ou tel enfant.
Le rassemblement est également une opportunité pour les enfants de recevoir des informations, d’être formé sur des thèmes variés pouvant faciliter leur réinsertion familiale.
Témoignage d'un ancien de la rue lors d'un rassemblement des enfants des rues au Point d'Ecoute Très souvent, des anciens de la rue participent à ces rassemblements, ils sont là pour témoigner de leur histoire, de leurs problèmes et de la façon dont ils les ont surmontés. Leur réinsertion réussie est un exemple très motivant pour les enfants encore dans la rue, et chacun peut se dire alors : moi aussi, je peux y arriver...

A noter que ces rassemblements ont lieu dans la cour du Point d’Ecoute et sont toujours accompagnés d’un repas de midi, très attendu et apprécié de tous
Pendant les vacances, le Point d’Ecoute invite tout particulièrement les ex enfants des rues déjà rescolarisés à venir eux aussi aux rassemblements, pour éviter que le désœuvrement et la faim ne les poussent à retourner dans la rue.
Repas servi aux enfants des rues au Point d'Ecoute
En effet, les vacances sont toujours une période délicate pour ces enfants encore bien fragiles.Il leur faut des occupations bien encadrées pour qu’ils ne restent pas livrés à eux-mêmes.
Et ils sont heureux de pouvoir venir chaque jour se divertir au Point d’Ecoute et partager le repas de midi avec leurs camarades.
REINSERTION SCOLAIRE et SUIVI DES ENFANTS
Selon l’analyse faite par l’équipe du Point d’Ecoute, on a constaté que beaucoup de cas de réintégration familiale se présentent au courant de la période de décembre - janvier parce que la majorité veut regagner le banc de l’école en janvier, date du début de l’année scolaire au Rwanda.
On a en outre constaté que la plupart des nouveaux cas sont identifiés aux mois de juillet- août parce qu’il n’y a pas assez à manger au village à cette période, pas beaucoup de travaux champêtres d’une part et c’est à ce moment que la plupart des enfants abandonnent l’école pour venir dans la rue d’autre part.
Partant de ce constat, le Point d’Ecoute a renforcé le suivi en vue de maintenir les enfants à l’école et d’informer les parents qu’ils doivent bien veiller sur leurs enfants afin de décourager cet exode des enfants déjà constaté.

Lors des visites de suivi au sein des familles, les animateurs ont pu relever ce qui suit :
  • Il y a un manque de collaboration entre parents et enseignant ; un bon nombre de parents s’intéressent peu à la scolarisation de leurs enfants. Très peu de cas de parents visitent leurs enfants à l’école et ils ne participent pas non plus à des réunions des parents au niveau des centres scolaires. Ils disent ne pas voir le temps et souvent aussi eux-mêmes ne sont jamais allés à l’école et ont peur de l’appréciation de l’enseignant.
  • Les enfants se sont exprimés sur leur absentéisme, ils ont dit qu’il est conditionné par la situation économique des familles. Souvent, la priorité est de trouver un peu d’argent pour se nourrir, alors ils vont faire un petit boulot, transporter des cannes à sucre par exemple.
  • Les retards sont fréquents, un grand nombre de parents demandent aux enfants de faire quelques travaux avant d’aller à l’école : puiser de l’eau, chercher le bois de chauffage...
Pourtant le rêve de tous ces enfants est d’aller à l’école pour avoir un diplôme et s’en sortir.
Transport de cannes à sucre par les enfants des rues au Rwanda width=
FORMATION PROFESSIONNELLE
Sur le calendrier, la nouvelle promotion devait commencer au mois de Mai 2012 et ce programme a bien été respecté.
Les jeunes fraîchement inscrits en formation professionnelle sont répartis dans les différents ateliers comme suit :
  - 2 filles en coupe et couture
  - 8 garçons en mécanique automobile.
Comme les jeunes habitent loin du centre de formation et qu’ils font de longs trajets pour venir chaque jour, le Point d’Ecoute les aide par la prise en charge des frais de transport.
Ex enfants des rues en formation professionnelle au Rwanda width=
IIMPLICATION DE LA COMMUNAUTE
DANS LE PROCESSUS DE REINTEGRATION
On ne peut donc pas négliger le rôle qu’occupe la famille dans l’éducation des enfants, même s’il y a des parents qui ont manqué à leurs devoirs.
Le souhait du Point d’Ecoute est que chaque enfant puisse jouir pleinement de ses droits, or il n’y a pas pour lui d’espace plus privilégié que la famille.
C’est pourquoi de nombreuses séances de sensibilisation ont été organisées pour rappeler aux parents leurs responsabilités, qu’il ne sert à rien de donner naissance aux enfants si l’on n’est pas capable de les nourrir, de les habiller, de leur garantir les soins médicaux et d’assurer leur éducation, pour ne citer que cela.

Quelques mamans d'anciens enfants des rues membres de l’association de parents Tabarabana au RwandaPour mieux mener ces campagnes, le Point d’Ecoute a suscité la création d’une association de parents des anciens enfants de la rue. C’est par le biais de cette association nommée Tabarabana que les sensibilisations ont été menées.
Diverses formations ont été proposées aux parents dans le cadre de cette association, sur des thèmes variés visant à accroître leurs revenus monétaires, de nouvelles méthodes culturales pour augmenter la production agricole (préparation de terrain, le choix des semences, connaître les saisons culturales, l’importance de stockage et connaître le moment d’achat et de vente des produits vivriers...), des méthodes de gestion pour démarrer un petit commerce, l’accès au microcrédit et le bon usage des fonds prêtés, etc. Et enfin, l’importance de la politique de ‘’Land Consolidation’’ et de la régionalisation de la culture qui s‘impose maintenant a été exposée et débattue lors des multiples réunions destinées à donner à ces familles les moyens d’améliorer leurs conditions de vie et celles de leurs enfants.

L’union fait la force. Grâce aux divers regroupements effectués et aux nombreuses actions menées en commun, l’association de parents Tabarabana qui existe depuis 2005 a franchi un pas satisfaisant.

Maison communautaire en construction, association de parents Tabarabana au RwandaAvec l’argent provenant des cotisations de ses membres, l’association vient d’acheter un terrain et elle est en train de construire une maison de 3 pièces qui va servir de boutique. Deux portes seront louées et une autre porte va être exploitée par l’association elle même.

Depuis le début de l’année 2012 une deuxième association de parents a vu le jour et prend le chemin de ses aînés.
Nous lui souhaitons bonne réussite !

Au nom des enfants eux-mêmes et de leurs familles, je ne saurais terminer ce rapport sans remercier tous les parrains, marraines et donateurs pour leur aide généreuse qui nous permet de soutenir ces enfants si vulnérables et d'améliorer leurs conditions de vie pour les aider à préparer leur avenir dans la dignité.

Aloys Kaberuka
Coordonnateur du Point d'Ecoute
Septembre 2012

Pour favoriser sa réinsertion, vous pouvez parrainer un enfant des rues au Rwanda.