Rwanda : les rassemblements des orphelins du sida

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Rassemblements des orphelins du sida Le Point d’Ecoute organise très régulièrement des rassemblements de toutes les fratries d'orphelins fratries pour pouvoir aborder ensemble différentes questions essentielles pour ces enfants, tant dans le secteur de Nyamyumba, de Cyanzarwe, de Kanama que de Gisenyi.
Ces rassemblements permettent aux enfants de s’exprimer en toute confiance, de parler de plus en plus librement, d’exposer leurs problèmes et de dévoiler leurs questionnements intimes.
En effet, la plupart des enfants sont totalement orphelins, de père et de mère, et n’ont pas d’adultes responsables pour aborder des thématiques essentielles qui touchent leur évolution personnelle et leur intimité.
Seuls les animateurs du Point d’Ecoute, qui connaissent bien les enfants et chacune de leurs situations particulières, peuvent répondre à ces questionnements.
Jeunes orphelins du sida au RwandaDernièrement les questions abordées ont été « les conséquences d’une rupture familiale sur les enfants ».
Les enfants ont beaucoup discuté autour de ce sujet. Ils ont compris les méfaits et les conséquences d’une rupture familiale et se sont déclarés déterminés à rester stables dans leur foyer même si on y rencontre des difficultés.
En effet, aucun d’entre eux ne vit avec son père et sa mère. Il arrive que la maman se marie à nouveau après le décès de son mari. La cohabitation peut être difficile et chacun doit y mettre un peu du sien. Les animateurs interviennent souvent pour faire des médiations.

Il y a aussi les situations où la fratrie orpheline est accueillie chez une grande sœur, une tante ou une grand-mère. Il faut alors « faire sa place ». Beaucoup des enfants reconnaissent avoir un jour pensé partir vivre dans la rue pour fuir ces moments difficiles.

Un autre thème a intéressé les enfants, « le comportement d’un adolescent dans la société ». Ils ont admis après de nombreuses discussions qu’ils doivent avoir un comportement acceptable pour s’intégrer dans la société. Il est plus facile de trouver sa place lorsque l’adolescent étudie à l’école secondaire. Et il peut arriver que, dans une fratrie, des différents apparaissent entre celui qui poursuit des études et celui qui n’a pas eu la chance ou la capacité de le faire.

Bébé orphelin du sida au RwandaAinsi une fratrie composée de trois enfants a du voir l’intervention du Point d’Ecoute pour consolider la cohésion familiale. L’aînée, qui avait renoncé à l’école au moment du décès des deux parents pour s’occuper de ses deux frères, a eu malheureusement une mauvaise expérience et s’est trouvée enceinte. Le plus âgé des deux frères qui suit un brillant parcours pour devenir agronome a désavoué sa sœur et s’est montré très intransigeant envers elle, entraînant de nombreux et graves conflits. Les diverses interventions de l’animateur ont permis de faciliter la communication.
Aujourd’hui, Nyiranyoni élève son enfant et continue de travailler très durement pour assurer l’entretien de la maison et de ses deux frères. Et l’entente est revenue au sein de la famille…

De là est venu le thème de la sexualité. Beaucoup d’entre eux sont maintenant des grands adolescents et ils n’ont personne avec qui parler de cela. Les rencontres ont permis d’aborder des thèmes essentiels tels que les facteurs de risques, les maladies sexuellement transmissibles avec bien évidement le Sida, mais aussi les grossesses non désirées et tout ce que cela implique.
Malgré toute la prévention mise en place par le Point d’Ecoute, on est obligé hélas de constater que, chaque année, une adolescente au moins connait une grossesse.
Les messages ont encore beaucoup de mal à passer sur ce sujet difficile à aborder. Toujours mal venues, ces grossesses compliquent une situation familiale souvent déjà bien tendue. Et malheureusement, elles viennent trop souvent perturber une scolarité bien engagée ou une formation professionnelle en cours…

Un dernier thème a suscité de nombreuses discussions, « la scolarisation et les raisons de l’abandon scolaire ».
Les enfants ont bien compris que l’espoir de leur avenir repose sur la scolarisation et qu’ils doivent tout faire pour se maintenir à l’école. Malheureusement certaines réalités les empêchent d’être réguliers. Quelquefois, la maman malade et seule à élever ses enfants leur demande de l’aide.
Ecoliers orphelins du sida au Rwanda Il faut trouver de quoi se nourrir et donc un petit travail grâce auquel on gagnera un peu d’argent. Pour cela on va aider un voisin à travailler dans sa parcelle, on va transporter des cannes à sucre etc. …

Rappelons que le Point d’Ecoute accompagne 148 collégiens au Secondaire. Ils représentent tous un espoir pour les plus jeunes. Et pour la première fois, en octobre prochain, 16 d’entre eux passeront leur diplôme de fin d’études.

Ces rassemblements vont continuer de se renouveler, à un rythme plus marqué encore. Les animateurs se sont rendu compte que certains de ces thèmes n’ont pas encore été bien compris par tous. D’autres sujets ne manqueront pas d’être traités.
Les enfants aiment ces rencontres régulières et sont très demandeurs. Ils aimeraient aussi que des rencontres ludiques et sportives soient organisées avec les groupes d’orphelins des autres zones pour mieux se connaitre. Comme par exemple une baignade tous ensemble dans le Lac Kivu, ainsi qu’ont pu le faire les orphelins de Gisenyi qui, selon les dires des animateurs présents, se sont particulièrement bien défoulés !

Les autres activités du Point d’Ecoute ont continué d’être organisées. Les visites de la part des animateurs se font toujours très régulièrement pour s’assurer que tout va bien ou bien pour surveiller des situations à risques.

Toujours très attendues par les fratries, les distributions alimentaires ont lieu de manière régulière. Cet appui est hélas toujours indispensable. Et de nombreux enfants demandent même si on ne pourrait pas en faire de plus fréquentes.
Distribution d'aide alimentaire aux orphelins du sida du RwandaPour ce deuxième trimestre de l’année 2012, ce sont deux distributions qui ont été faites, une au mois d’avril et l’autre au mois de juin. Ces distributions prévoyaient pour chaque enfant le lot suivant : 20 kilos de haricots, 12 kilos de farine de maïs, 2 kilos de petits poissons séchés et 6 pains de savon. Soit 6000 kg de haricots, 3600 kg de farine de maïs, 600 kg de petits poissons et 1800 savons.
Le VIH/Sida influe directement et indirectement sur la santé et la nutrition des enfants. En effet cette infection entraîne une réduction de la production agricole, une baisse des revenus familiaux et une diminution de la qualité et du nombre de repas alors que les enfants infectés par le VIH ont des besoins de santé et de nutrition spécifiques. Aussi, ceux qui ne sont pas séropositifs VIH mais qui vivent dans des familles affectées par le Sida ou qui sont orphelins risquent d’être victimes de malnutrition à cause de la pauvreté. C’est dans ce cadre que le Point d’Ecoute associe l’aide alimentaire à des mesures de sécurité alimentaire à longue échéance, dont la promotion du petit élevage et la productivité agricole, dans le souci d’assurer une alimentation équilibrée et suffisante.

Au nom des enfants eux-mêmes, je ne saurais terminer ce rapport sans remercier tous les parrains, marraines et donateurs pour leur aide généreuse qui nous permet de soutenir ces enfants si vulnérables et d'améliorer leurs conditions de vie pour les aider à préparer leur avenir dans la dignité.

Aloys Kaberuka
Coordonnateur du Point d'Ecoute
Septembre 2012

Pour soutenir notre action, vous pouvez vous aussi parrainer un orphelin du sida au Rwanda.