Emeutes et révolution populaire au Népal
Par Anne Oberlé le mercredi 26 avril 2006, 00:00 - Népal - L'école du Haut-Dolpo - Lien permanent
Le 22 mai 2002, le roi Gyanendra prononçait la
dissolution du Parlement du Népal. Le 1er février 2005, il limogeait
le gouvernement et instaurait l'état d'urgence dans le pays sous couvert de
mater la rébellion maoïste dont le combat pour l'abolition de la monarchie a
fait plus de 11 000 morts depuis 1996.Par ces coups de force, le monarque s'arrogeait les pleins pouvoirs et cumulait de fait, depuis 2005, les fonctions de Roi, Premier Ministre, chef de l'armée et de la police.
Excédée par les décisions unilatérales et intempestives du roi Gyanendra, échaudée par ses promesses jamais tenues, impatiente d'organiser des élections et de rétablir la démocratie, la population s'est soulevée le 6 avril 2006 contre le tyran honni et détesté.
Ne se contenant pas de suivre les partis politiques
d'opposition dans leurs revendications, la rue est allée au-delà et a exigé, à
grand renfort de manifestations et de jets de pierres, l'instauration d'une
République et le départ du roi, rejoignant en cela le combat des maoïstes en
lutte contre la monarchie depuis 10 ans.Katmandou a vécu un mois houleux et sanglant. Couvre-feu, émeutes, grèves, barrages routiers, circulation bloquée, pénurie d'essence, raréfaction des denrées alimentaires, hausse générale des prix, rien n'aura été épargné à la population qui a vécu dans la peur durant plus de 3 semaines.
Le 25 avril, sous la pression de plus en plus forte des partis politiques et des revendications populaires, le roi Gyanendra a cédé et annoncé officiellement le rétablissement du Parlement, convoqué pour un première séance exécutive le vendredi 28 avril.
Ce geste d'apaisement a été perçu de manière très
favorable par l'opposition et a déclenché une véritable liesse populaire.
Conscients d'avoir gagné un combat, des milliers de Népalais ont manifesté leur
joie à Katmandou.Après des semaines de révolte, de peur, de sang et de haine, ils ont déferlé spontanément aux abords du palais royal, aux cris de "C'est la victoire du Peuple !" "Vive la démocratie!" "Nous avons gagné la bataille, la bataille de la démocratie !"
Le monde occidental aura redécouvert, à l'occasion de ces événements tragiques, le quotidien précaire et difficile de ce peuple de l'Himalaya. Espérons seulement qu'il ne retombera pas trop rapidement dans l'oubli !
Espérons également que tous ces événements ne remettront pas en cause la rentrée des classes à la Kula Montain School au Dolpo.
Venu à Katmandou fin mars pour préparer cette rentrée et acheter le matériel nécessaire, Urgen, le Principal de l'école, devait en principe repartir à la mi-avril pour rejoindre la vallée.
Aux dernières nouvelles, il était toujours bloqué dans la capitale. Mais Anne Lelong nous assure garder bon espoir, nous ne pouvons donc que la suivre sur ce chemin optimiste.
Si vous le souhaitez, vous pouvez parrainer la Kula Mountain School au Népal