Séisme Haïti : premier bilan de notre cooordinateur

Nouveau courriel envoyé de Port au Prince par Denis Puthiot

Ecole St Alphonse très endommagée lors du séisme du 12 janvier 2010 en Haïti Je suis allé à l’école ce matin en moto. L’école est toujours debout. J’ai pu contrôler les bâtiments. Personnellement, je n’ai pas remarqué que les murs soient réellement penchés. Le sol de la cour est lézardé à plusieurs endroits. Il y a des fissures à plusieurs endroits.
Chaque bâtiment forme un bloc, il y a donc des écarts qui se sont formés aussi bien avec le sol de la cour qu’avec les autres bâtiments. Le mur dans le fond de la deuxième cour est tombé.
Les poteaux des bâtiments de la direction et du secondaire sont toujours droits et sans trop de fissures apparentes. Seuls trois poteaux du bâtiment du dispensaire (3 étages) sont très endommagés, dont l’un est cassé vers le haut. Ce bâtiment est donc vraiment très endommagé et représente un véritable danger dans la cour de l’école. Comme il est juste en face de celui du secondaire, s’il devait s’écrouler, il pourrait entraîner en partie ce deuxième bâtiment. Je ne pense pas cependant qu’il y ait un danger très immédiat mais cela demande une surveillance continue.
Poteau de soutainement très endommagé lors du séisme, école ST Alphonse, Cité Soleil, Haïti Je signale quand même que la cantine et les salles de classes nouvellement reconstruites n’ont pas bougé. Il n’existe aucune fissure dans les murs ou les poteaux. Il y a cependant quelques lézardes dans le sol. Pour la cantine, il existe également un écart qui s’est créé entre celle-ci et l’ancien bâtiment de la cuisine, au niveau de la dalle et des poteaux. Un écart plus important existe au niveau du poteau extérieur.

Salle de classe fissurée dans le bâtiment du secondaire suite au séisme, école St Alphonse, Cité SoleilHaïtiIl existe également des fissures entre la dalle des salles de classes et le bâtiment du secondaire. Ceci est dû aux deux blocs en fait presque indépendants, constitués par le bâtiment du secondaire et des salles de classes. Ceux-ci ayant bougé séparément lors du séisme, cela a créé des fissures entre eux.

De même au niveau du sol, des fissures se sont crées entre les bâtiments et le sol de la cour. Je ne pense pas que cela soit très grave.
De toute façon, il faudrait qu’un ingénieur ou un spécialiste fasse un contrôle général de tous les bâtiments de l’école. Pour mesure de sécurité, il est demandé que personne ne pénètre dans la cour.Fissures apparues dans la dalle de la cour lors du séisme, école ST Alphonse, Cité Soleil, Haïti
Dans la cour d’en face, la plupart des murs de clôture sont tombés.
De même, pour la cour de Fourgy, une partie de la clôture, pourtant constituée de roches d’une épaisseur de près de 80 cm, je crois, est tombée.
Il existe également au niveau de la cité Soleil, une insécurité certaine due à un chef de gang « Bled » qui s’est échappé de la prison, a reconstitué un groupe et menace les jeunes et habitants près de l’école, accusés de l’avoir dénoncé et permis son arrestation.

Il existe un grand phénomène de brigandage, actuellement, en ville, par des groupes armées reconstituées après la fuite des prisonniers, qui profitent de la situation pour voler, violer, rançonner les gens, même dans les places où la population s’est regroupée.
C’est un vrai problème pour la sécurité des gens et pour la police que l’on ne voit pas encore beaucoup.

Mislène Laplante, décédée à Cté Soleil lors du séisme du 12 janvier 2010 en HaïtiNous avons au niveau de la cité Soleil, assuré un enterrement à deux jeunes. L’une est une élève de l’école Saint-Alphonse, Mislène Laplante, élève de 7e année et parrainée. Elle est décédée dans une église qui s’est effondrée dans la cité Soleil. Sa mère fait partie des bénéficiaires du Micro crédit. On me dit que sa mère se promène actuellement dans la rue comme folle. L’autre est la grande fille de 20 ans environ de Miss Evena, l’infirmière très ancienne de l’école Saint-Alphonse. Nancy est également une ancienne élèvede Saint-Alphonse qui était actuellement étudiante en université. Elle est morte suite à l’effondrement de son école en ville. Son corps avait pu être récupéré assez rapidement. Nancy était l’espoir de miss Evena qui est folle de douleur.
Les deux enterrements auxquels nous avons participé, se sont déroulés simplement avec une morgue de la Cité Soleil, dans un champ désert.
Jusqu’à présent ce sont les seules morts de l’école confirmées. Nous n’avons cependant, jusqu’à présent pas de nouvelles d’un certain nombre de professeurs habitant d’autres quartiers. Un certain nombre de professeurs sont également étudiants et nous espérons qu’ils s’en sont sortis.
La Cité Soleil et La Plaine ont un peu moins subi qu’à Port-au-Prince même, étant donné les maisons plus simples qui abritent les gens. Il y a eu cependant des écroulements de maisons, des fissures, des gens ont tout perdu. Mais dans l’ensemble, il y a un nombre limité de morts, avec surtout des blessés. L’école Nationale de la Cité Soleil et un collège important du quartier de Boston se sont effondrés.

De mon côté, c’est toujours une attente que les choses évoluent un peu. Le manque d’argent liquide nous empêche de rendre service tel que nous le voudrions. Nous espérons que les banques puissent ouvrir rapidement, que la livraison d’essence soit effective car il n’y aurait pas de problèmes de stocks. Les communications téléphoniques et d’internet se rétablissent progressivement. Jusqu’à présent, il n’y a toujours pas d’électricité, il faudra attendre que tous les réseaux soient vérifiés, de nombreux pylônes étant tombés. Ce qui peut se faire en quelques jours dans d’autres pays, peut prendre une éternité en Haïti.
Tout le monde déplore le manque de coordination et d’efficacité dans les actions du gouvernement qui se montre être complètement désemparé et impuissant. Le chef de l’Etat s’est réfugié dans un commissariat près de l’aéroport avec quelques uns de ses ministres. Les parlementaires se cherchent un local pour siéger, ne veulent pas cependant siéger dans un local fermé.
Des secousses se font toujours sentir régulièrement mais c’est normal. Tout le monde reste cependant dans le qui vive et comme je l’ai déjà dit, reste très choqué et traumatisé par cet événement exceptionnel.
Il est toujours difficile d’avoir des nouvelles de sa famille et de ses proches à cause des communications très difficiles et aussi parce que la plupart des téléphones sont complètement déchargés.
Moi-même, j’ai la chance d’avoir la batterie de la voiture et un inverter qui me permet d’avoir un peu de courant le soir. Seulement, l’essence diminue car il me faut de temps en temps démarrer pour recharger la batterie. J’ai suffisamment de denrées et de ressources pour tenir un certain temps. J’ai récupéré deux autres enfants de la famille de Bénita ainsi que son père, agé de plus de 80 ans.
La situation risque de devenir très difficile rapidement pour la population qui se retrouve dans la rue au niveau de l’eau, de nourriture mais aussi sanitaires, maladies et épidémies peuvent se développer rapidement avec tous les cadavres en décomposition se trouvant toujours sous les décombres. Les enterrements dans les fosses communes se poursuivent …

A bientôt pour plus de nouvelles
Denis

Commentaires

1. Le dimanche 17 janvier 2010, 17:25 par Cocks Georges

Salut DEnis!

J'aimerais que tu entre en contact avec moi. je suis une écrivain, guadeloupeen, j 'aimerais porter ma contribution pour ce que vous faites. Je suis entrain d'écrire un livre sur cette tragedie au fils des évenements que je voudrais édité prochainement. J 'aimerais avoir votre autorisation pour inclure vos couriels et tout autre temoignage que vous pourrez me communiquer sur la situation. ce livre je ne souhaite pas en retirer aucun gain les ventes iront a votre association . J'utiliserais l 'edition bod.fr pour réaliser la vente en ligne, mais si vous avez un meilleur editeur faites mois savoir.
a bientot

2. Le jeudi 13 mai 2010, 15:10 par mélanie

super initiative!! bravo!!