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Guiè au Burkina Faso
Au Burkina
Faso, des paysans font reverdir le Sahel
Un article publié dans Le Monde
du 18 juin 2008
Gaëlle DUPONT, envoyée spéciale au Burkina
Faso

Un cheval est attaché à
l’entrée de la cour d’Ali Ouedraogo, dans la bourgade de Gourcy, à 150 km au
nord de Ouagadougou, la capitale burkinabée, en plein Sahel. Ce n’est pas banal
: l’animal est un signe de réussite, la preuve qu’à 78 ans, Ali Ouedraogo vit
mieux que ses voisins, paysans comme lui. Au milieu de sa cour, trois greniers
circulaires sont remplis de sorgho à ras bord. Il y a là de quoi nourrir toute
la famille jusqu’à la prochaine récolte, en septembre, peut-être même plus.
Quarante personnes, dont une ribambelle d’enfants, en vivent, alors que
d’autres familles sont déjà à court. Elles devront survivre avec le babenda, un
plat de disette au goût d’épinards fades, constitué d’une poignée de céréales
et de brassées de feuilles.
Les champs d’Ali Ouedraogo ne ressemblent pas à ceux de ses voisins. Ici,
l’habitude, c’est de déboiser, de planter et de récolter, jusqu’à épuisement
des sols, puis de recommencer un peu plus loin. Les paysans laissent derrière
eux un zipellé. Une terre stérile, aussi nue que du carrelage. Plus la
population augmente, plus le besoin en terres est grand, et plus le sol
s’épuise. C’est l’engrenage de la désertification, aggravé par les facteurs
climatiques.