Haïti aujourd’hui : la course vers l’abime

se renseigner sur le parrainage d'un enfant d'Haïti

Tout vire au rouge en Haïti. L’évidence saute aux yeux de tous mais on dirait que tout le monde l’accepte.

Les actes d’assassinat n’étonnent plus. On en compte tellement chaque jour ! Les policiers sont les premières cibles. Cependant, personne n’est exempt. Les gangs font la loi partout. Ils n’ont rien à craindre. Ils sont conscients qu’ils sont de fait le vrai pouvoir. Ils peuvent agir parfois pour leur compte ou pour quiconque les mandate.

Le constat est terrible. Fin avril, le dollar américain se changeait contre 85 gourdes haïtiennes ; fin mai, il est passé à 93 gourdes. Le taux d’inflation est à plus de 17,5% !

Devant plusieurs entreprises et maisons de résidence il est écrit : à vendre. Ce que l’on appelle traditionnellement le panier de la ménagère peine à se remplir. Pauvreté et misère se généralisent.
Famille vivant dans la misère dans le bidonville de Cité Soleil en Haïti
A Cité Soleil, les gangs ont repris le contrôle du bidonville. L’école Saint-Alphonse a beaucoup de mal à fonctionner.L’équipe de la direction a du la fermer pendant plusieurs jours encore durant les mois d’avril et de mai.
Difficile dans ces conditions d’organiser les contrôles trimestriels.

Dans ces périodes d’instabilité, peu de gens se risquent à sortir. Les déplacements sont difficiles et on craint toujours de se retrouver au milieu de rixes ou d’échanges de tirs.

Une de nos élèves, Chrisbitha, a été touchée par une balle alors qu’elle était chez elle. La balle s’est nichée dans sa poitrine, tout près du cœur. C’est un miracle qu’elle soit encore là aujourd’hui !
Dire qu’elle est traumatisée est un faible mot … Elle ne cesse de se demander pourquoi tant de violence et pourquoi le sort s’acharne ainsi sur elle et sa famille qui tente de survivre avec les faibles moyens de sa mère.

Mais de fait, toutes les mamans souffrent. Elles ne parviennent plus à mener à bien leurs activités. Celles qui ont un petit commerce ambulant ne peuvent plus sortir avec leur marchandises et déambuler pour les vendre, les autres ne peuvent plus se réapprovisionner.

Et puis, plus personne n'a d'argent pour acheter. On a déjà du mal à faire un repas par jour. La misère la plus profonde s'installe...

La période des examens d’état approche. Cette année a été tellement décousue que nous ne pouvons pas faire de pronostics sur la réussite de nos élèves. De nombreuses familles ont quitté le bidonville, certaines essaient de reprendre le chemin de leur campagne qu'elles avaient fuit en quête d’une vie meilleure qu'elles n’ont pas vraiment trouvée.
Enfants vivant dans la misère dans le bidonville de Cité Soleil en Haïti L'avenir d’Haïti

L'avenir de ce pays est évidemment incertain. Cependant, quoique affaiblie et à genou, la société respire encore. Ils sont nombreux ceux qui se battent pour des jours meilleurs. Depuis quelque temps, la jeunesse intellectuelle essaie de prendre des positions déterminantes.

Quelle que soit la place que l'on occupe actuellement dans le pays, on est tous au bord de l’abime. La bombe est dans l’avion. Que l'on soit en économique ou première classe, on est tous concernés.

Néanmoins, il suffit d’une volonté politique pour qu’on retrouve le chemin. La résilience du peuple haïtien n’est plus à démontrer.
Haiti est construit sur un credo : L’union fait la force.
Dès lors que l'on y revient, rien n'arrêtera la relance du pays.

Dans ces terribles épreuves que subissent les enfants et leur famille,
merci de rester fidèles à l’école Saint-Alphonse.
Gardons en mémoire le credo d'Haïti : l’union fait la force …