Histoires d’eau à Ndako Ya Biso
Par Anne Oberlé le samedi 15 septembre 2018, 18:38 - Kinshasa - Les enfants des rues - Lien permanent
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Il n’est pas rare de passer de nombreux jours sans une goutte d’eau, ce qui oblige toute la population à sortir avec des bassins et des seaux pour aller puiser dans la rivière, proche mais pas très propre. On peut aussi en prendre un peu plus loin dans le quartier, là où on trouve robinet qui coule ou un tuyau percé, mais ce n’est pas facile et la plupart du temps très mal accepté. Dans ces cas-là, nous étions obligés de payer un véhicule pour transporter des bidons d’eau !
Le manque d’eau est très pénalisant pour nous. Nos enfants ont besoin de prendre une douche, nous n’aimons pas qu’ils se jettent dans la rivière polluée pour se laver ou encore aillent chercher de l’eau dans le quartier en faisant n’importe quoi et en risquant gros…
Nous avons mis des gouttières sur nos toitures, mais avec le nombre d’enfants du centre, le réservoir de 2500 litres rempli est très rapidement vidé. Que faire alors pour trouver une solution ? Des amis nous ont parlé de la possibilité d’un forage. Un ministre local que nous avons consulté nous a encouragés dans ce sens : « si l’Etat n’arrive pas à vous fournir, organisez-vous vous-mêmes ! ».

La première et la deuxième tentative ont échoué parce qu’elles ont rencontré des roches trop dures. Mais au troisième essai, les foreurs ont trouvé l’eau à 15m de profondeur. Ils ont placé un tuyau et ont posé une dalle de béton. Mais rien n’est apparu et les enfants se sont inquiétés :« Comment peuvent-ils dire qu’il y a l’eau ? »
Il a fallu attendre encore quelques jours pour que l’équipe des techniciens vienne placer une pompe manuelle et que l’eau jaillisse : « Il y a de l’eau ! Nous avons de l’eau et beaucoup d’eau ! et l’eau est belle, elle est propre on ne devra plus aller loin pour chercher de l’eau ! … ». Très excités, les enfants ont commencé à crier en dansant tout autour de la pompe. Le 4 novembre, cette date va rester comme le jour de l’eau à Ndako Ya Biso !

Depuis cette date, la pompe du forage procure de l’eau en abondance, sans limite de temps ni de quantité, au grand plaisir de nos garçons qui aiment la faire fonctionner, mais aussi de tous nos voisins du quartier.
Comme la pompe est montée autour d’une roue de vélo que l’on fait tourner avec une manivelle, les enfants l’ont immédiatement baptisée « l’eau vélo ».
Mais que faire pour le Centre des filles ? Nous ne pouvions pas les laisser sans eau. La première solution envisagée a été de les brancher sur le forage réalisé chez les garçons, mais cela impliquait de pouvoir traverser plusieurs parcelles locales sans avoir aucune garantie que les propriétaires de ces parcelles ne se brancheraient pas eux-mêmes ou ne détourneraient pas l’eau à leur profit !
C’est pour cela que nous avons tout naturellement eu l’idée de réaliser un deuxième forage dans le Centre des filles. L’équipe du forage venait de la ville de Kikwit, à 600km de Kinshasa, et devait y retourner après avoir réalisé plusieurs forages à Kinshasa. Pour ne pas retarder notre projet, ils ont généreusement accepté de réaliser un forage chez les filles avant de repartir à Kikwit, tout en acceptant d’attendre trois mois pour que nous puissions trouver le financement de leur travail.

Les six hommes de l’équipe ont installé leur chantier dans le Centre des filles la dernière semaine d‘avril et les filles, très curieuses, leur ont demandé comment on pouvait trouver de l’eau sous la terre et comment cette eau pouvait remonter jusqu’à la surface. « Pourquoi faut-il tourner une manivelle comme quand on fait la pâte avec les arachides ? »

« Maintenant, on a de l’eau pour
toujours, on ne doit plus sortir et chercher de l’eau ailleurs »… ont
dit les enfants.
« Et on ne doit plus payer pour de l’eau que l’on ne voit que trop
rarement ! » a ajouté notre comptable !
Merci sincèrement de votre aide qui nous permet de réaliser cela !
Si vous voulez nous aider, vous pouvez parrainer les enfants des rues de Kinshasa.