Haïti : Le groupe scolaire Saint-Alphonse se distingue dans un environnement chaotique

en savoir plus sur le parrainage d'un enfant haïtien

A l’occasion de la rentrée scolaire, nous nous réjouissions de partager avec vous notre joie d’avoir reçu les excellents résultats obtenus par nos élèves aux examens officiels du collège et du lycée.

Mais en cette date de début octobre, la rentrée n’a toujours pas eu lieu et c’est difficile aujourd’hui de dire quand elle aura lieu.
Le pays se déchire, les manifestations se succèdent, l’inflation ne fait que croitre.
Manifestation de la misère dans le bidonville de Cité Soleil en Haïti
Le commissariat de Cité Soleil, à seulement quelques minutes à pieds de l’école Saint-Alphonse, a été attaqué et en partie brulé la semaine dernière. Très tôt dans la journée de la manifestation de vendredi dernier baptisée « Armageddon », des manifestants armés ont attaqué la base l’Unité Départemental de Maintien de l’Ordre (UDMO) au commissariat de Cité Soleil. Les policiers présents ont pu sauver leur vie miraculeusement. Un groupe de policiers venant d’une autre base a eu le temps de faciliter leur évacuation. Les manifestants ont saccagé, pillé et brulé la base de police. Ils ont pris tous les matériels trouvés dont des uniformes de police.

L’année scolaire 2018-2019 avait déjà été secouée par des mouvements violents. L’école Saint-Alphonse a été fermée plusieurs fois durant plusieurs jours ou semaines depuis janvier 2019. L’insécurité empêchait tous déplacements. Mais aujourd’hui tout a encore empiré.

Malgré tout, l’école a obtenu de très bons résultats.
Aux examens d’Etat de fin de premier cycle du secondaire (équivalent de notre BEPC), l’école Saint-Alphonse du bidonville de Cité Soleil a affiché 100 % de réussite, tandis que Saint-Alphonse Fourgy a eu 73% de succès pour ses élèves. 74 % de réussite au baccalauréat pour nos élèves de Cité Soleil.
Au regard du milieu dans lequel nos élèves évoluent et de la situation catastrophique du pays et du bidonville, ces résultats sont remarquables.

Depuis plusieurs semaines, les Haïtiens descendent en masse dans les rues pour demander la démission du président Jovenel Moïse.

Le pays est en flammes.
Des centaines de barrages routiers s’érigent dans tout le pays dans le but de faire pression sur le président. Plus de 75% des familles haïtiennes vivent dans la plus grande précarité.
Emeutes de la faim et manifestations de rue à Cité Soleil en Haïti Haïti est sur le point de connaitre la pire émeute de la faim, la plus grande crise humanitaire de son histoire, alors qu’au vu des données catastrophiques des indicateurs macroéconomiques, aucune solution miracle ne peut l’épargner. C’est l’analyse de l’économiste, le professeur Eddy Labossiere, recueillie ce lundi sur les ondes de la Radio Caraïbes.

La crise haïtienne ne date pas d’hier. Le tremblement de terre de 2010 avait cassé l’élan économique du pays. On se le rappelle, il s’agissait de plus de 250 000 de morts, 1.5 million de sans abris. Avant cette catastrophe naturelle, l’agriculture avait connu une relance appréciable et donnait beaucoup d’espoir.

Mais s’agissant de la crise occasionnant le blocage total du pays depuis près d’un mois, elle a été favorisée par la rareté des produits pétroliers à la veille et au début de la rentrée des classes.

Le cycle actuel du dysfonctionnement d’Haïti peut être attribué à un accord de 2006, appelé PetroCaribe, l’œuvre de Hugo Chavez, alors président du Venezuela. Cet accord a permis à Haïti et à plusieurs autres pays de la Caraïbe d’acheter du carburant du Venezuela et de ne payer que 60% à l’achat, les 40% restants devant être remboursés sur 25 ans à un taux d’intérêt de 1%.

Cet accord a permis à l’Etat haïtien d’économiser et de faire du profit. En raison du monopole détenu sur ce marché, l’Etat a fait d’énormes profits sur les 40% vendus. Loin de respecter l’engagement pris avec le Venezuela d’utiliser les profits du programme PetroCaribe pour relancer l’économie nationale à travers de grands projets dans le domaine de l’agriculture, de l’éducation et de la santé, les différents gouvernements ont spectaculairement détourné les fonds générés.

Ce programme a pris fin juste avant la présidence de Jovenel Moise. Le Venezuela lui-même faisant face à sa propre crise, le gouvernement haïtien a du commencer à acheter du carburant ailleurs, particulièrement aux Etats-Unis, au prix du marché, sans subventions ni prêt pour son achat. Depuis lors, le gouvernement n’a jamais eu assez d’argent pour acheter toute la quantité de carburant dont le pays a besoin. Les pénuries se sont aggravées. Les prix de l’essence, du diesel et du kérosène ont augmenté de plus en plus, à la fois en raison des pénuries et du fait que le gouvernement ne peut se permettre de compenser les subventions qui contribuaient auparavant à maintenir les prix bas.

La misère se généralise
A mesure que les prix du carburant augmentent, le coût de presque tout augmente également. Cela a pour conséquences que les importations sont plus chères et contribuent moins à l’économie. L’effet combiné de tout cela a été une dévaluation progressive mais régulière de la gourde haïtienne au cours des dernières années.

Ceci, à son tour, a conduit à des augmentations astronomiques du prix des aliments, car plus de 65% des aliments consommés en Haïti sont importés.
Petit commerce de misère dans le bidonville de Cité Soleil en Haïti
Les actes des manifestants
L’opposition politique en a profité pour relancer des manifestations et demander à la population, particulièrement aux jeunes nantis, d’empêcher la circulation des automobiles sur la voie publique. Ce phénomène est baptisé « opération pays lock ».

Des pierres, des ordures, des pylônes électriques et de lampadaires, des branches d’arbres, des carcasses de véhicules sont mis partout dans les rues de Port-au-Prince comme dans toutes autres villes du pays. Partout des pneus enflammés. Même les passages à pied sont difficiles et risqués. Dans plusieurs endroits de la capitale, les motocyclistes doivent payer pour traverser, les piétons sont systématiquement rançonnés.

Et là ce n’est pas encore la phase la plus violente. Aux moments des manifestations, des manifestants pillent, cassent et mettent aux voitures et aux commerces. Un peu partout dans le pays, des manifestants armés attaquent les commissariats. Ils les pillent, chassent les policiers et vont jusqu’à incendier les bâtiments.
Attaque du commissariat de police de Cité Soleil en Haïti
L'avenir
En réalité, il semble que la stabilité sera difficile à obtenir avec la présence du président Jovenel Moise au pouvoir. Dès avant même sa victoire à la présidentielle, il a été visé par la justice. Dans le dernier rapport de la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif (CSCCA), le nom de Jovenel Moise est cité pendant une soixantaine de fois. Grâce à ses firmes, il aurait détourné d’importants fonds dilapidés du programme PetroCaribe.

Le Corps Group, constitué des ambassadeurs des grandes puissances économiques présentes en Haïti, ont organisé une rencontre des représentants du pouvoir et de l’opposition. Aucun accord n’a été trouvé. Chaque partie reste mordicus sur sa position.

Entre-temps, l’opposition annonce une violente manifestation ce vendredi 4 Octobre 2019 pour essayer de contraindre le président à démissionner.

Toutefois, si l’on ne peut dire comment évoluera la situation dans les jours qui viennent, il est certain que la population ne peut plus tenir. Un accord sera sûrement trouvé dans un sens ou dans l’autre.

Pour l’heure, même les gens de la classe moyenne sont privés d’eau, de pain et de presque tout. Ce sont des centaines de milliers d’enfants, de femmes et de pères de familles qui pleurent.

Les enfants comptent sur nous !
Enfant d'Haïti élève à l'école St Alphonse de Cité Soleil

Dans ces terribles épreuves que subissent les enfants et leur famille, merci de rester fidèles à l’école Saint-Alphonse.