Des nouvelles d'Haïti, 15 jours après le séisme

Un courriel de Denis Puthiot depuis Port au Prince

Campement de fortune à Port au Prince après le séisme du 12 janvier 2010 en Haïti La situation de Port-au-Prince évolue très lentement. Les secours d’urgence et recherches de personnes vivantes s’arrêtent pour laisser place aux secours humanitaires. Samedi, cependant, un jeune garçon de 23 ans a été retiré des décombres. Il avait eu la « chance » de travailler dans une épicerie. Depuis, quelques appels ont toujours lieu mais le travail de déblaiement et de recherche des cadavres sous les décombres a démarré. Il était temps car les rues sentent mauvais, partout des cadavres pourrissent sous les décombres. Il faudra de nombreux jours et semaines pour arriver à le faire. De très nombreuses maisons écroulées, des fois à plusieurs étages, se trouvent dans des corridors non accessibles aux véhicules.
Beaucoup de gens, plusieurs centaines de milliers sont déjà partis en province où se posent là aussi des problèmes d’organisation de camps, d’alimentation. Les autres dorment dans la rue, la plupart se regroupant en plusieurs familles dans la rue, près de leur maison, d’autres, très nombreux se regroupent dans des camps improvisés, sur des places, terrains vides. Là, les secours arrivent au compte goutte, au grand désarroi de la population qui se plaint de ne pas recevoir d’aides. De tous côtés, à la radio, des groupes appellent en déplorant n’avoir reçu aucune aide jusqu’à présent.
D’après les dernières informations de spécialistes, il y a encore de fortes chances de secousses pendant un mois surtout et même sur une longue période de plusieurs mois et même de plusieurs années.
Il y aurait actuellement un peu moins de 3 % de probabilité de secousses de 7° et plus, 25 % de 6° et plus, et 90 % de secousses de 5° et plus. Une secousse de 5,5° s’est produite encore hier mais plus au sud de Port-au-Prince. Pendant au moins un mois, il faudra attendre d’éventuelles secousses importantes avant de pouvoir se réinstaller dans les maisons qui devraient être contrôlées auparavant par des experts. Les épicentres se déplacent pour le moment vers le sud. Les villes de Gressier, Léogâne, Grand Goâve, Petit Goâve, Jacmel, Miragoâne ont été très touchées et se retrouvent dans la ligne des épicentres. Léogâne a été touchée à 80 % déjà lors du premier séisme du mardi 12.
Pendant un mois, tout le monde devra donc rester dehors la nuit. Cependant, certaines personnes sont déjà rentrées dans leur maison car elles ont peur la nuit (elles disent qu’il y a une importante quantité de diables et de loup garous profitant de cette aubaine …) et ont peur pour leurs enfants.

Pour la reconstruction en général, et des écoles Saint-Alphonse en particulier, il faudra attendre un plan de l’Etat de reconstruction. Des dizaines de milliers de maisons ont été détruites qui menacent elles mêmes de nombreuses autres. On parle déjà de plan Marshall, des réunions regroupant les principaux pays étudient le problème de la reconstruction, notamment de constructions para sismiques. Les nouvelles constructions ou réparations des anciennes seront donc sûrement interdites pour le moment et devront répondre aux exigences des directives de l’Etat. Il est donc à l’heure actuelle difficile d’estimer ce qui doit être fait et d’en avoir des premiers devis provisoires.

Une estimation de la situation des élèves, employés et parents de l’Ecole Saint-Alphonse est en cours, à la Cité Soleil et à Fourgy. Si l’école de Cité Soleil n’est pas assez sécuritaire avec ses bâtiments de deux étages, les locaux de Fourgy accueillent plusieurs familles sur le terrain de football, dans la première cour. Elles se sont regroupées là pour plus de sécurité. Nous pouvons déjà dire que les maisons des parents et employés de Fourgy sont détruites ou endommagées à près de 100 %. Il n’y en a pas une seule qui n’ait rien. Seules les maisons en terre et bois tissés ont tenu. Nous ne savons pas encore quand des experts pourront venir constater les dégâts dans les deux écoles.
En attendant de pouvoir faire plus, nous fournissons aux familles des aides ponctuelles comme par exemple la distribution de cachets de purification de l’eau.

Les banques, les supermarchés ont repris timidement depuis samedi. Les banques et les bureaux de transfert sont surchargés comme on pouvait s’y attendre. Des files de personnes, de plusieurs centaines parfois, attendant calmement leur tour pour y rentrer. Il est donc encore difficile de pouvoir entamer des aides plus importantes, d’autant plus que les sommes pouvant être retirées sont souvent de 5000 gourdes seulement (environ 100 €). Les stations d’essence donnent maintenant du carburant sans difficultés, cependant, il n’y a pas encore d’électricité, les communications téléphoniques reprennent très lentement et restent difficiles, Internet est encore excessivement difficile.
La situation à venir est donc encore sombre, car personne ne pourra rentrer vivre chez elle avant au moins un mois. Sans travail, sans ressources, les prix augmentant déjà fortement, la population devra être soutenue durant un moment. Des maladies et épidémies sont à redouter surtout en ville et dans les quartiers populeux et dans les camps.

A bientôt,

Denis

Commentaires

1. Le mercredi 27 janvier 2010, 17:05 par Bernard

Merci de ces nouvelles, elles nous sont précieuses.
J'aimerais avoir des nouvelles de l'équipe d'administration des écoles de Fourgy et St Alphonse (directeur, professeurs, etc.) ainsi que des élèves pour que nous sachions ce que sont devenus les enfants que nous parrainons. Un recensement a-t-il commencé?

2. Le jeudi 4 février 2010, 08:56 par tina

Bonjour à tous, Merci a Denis de donner des nouvelles d'haiti et de faire en sorte que les choses avancent . Je sais qu'il doit etre dure de vivre tous ces moments . On a le coeur brisé, la téte a autre chose et pourtant il faut avancer .. J'ai de nombreuses fois laissé des messages via internet pour avoir des nouvelles de personnes que vous connaissez Denis, puisqu'elles font partis de votre entourage, il s'agit du frére et de le soeur de Renso Jeanlouis( je suis celle qu'il appelle "la mére" et je vis pas trés loin de chez lui en France) J'ai essayé de les joindre par tel mais rien . Vous serez t il possible de m'en donner des nouvelles, bonnes ou mauvaises. je vous en prie. Etre sans nouvelles quelle qu'elles soient, et insupportables . Je réconforte du mieux que je peux Renso mais ce n'est pas suffisant le temps passe et toujours rien ........ encore merci de nous permettre d'avoir des nouvelles je suis de tout coeur avec vous Courage à tous ! ! Tina