Burkina Faso : Pluviométrie à Guiè en 2007

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Cette année, nous accusons un déficit moindre qu'en 2006, mais avec une très mauvaise répartition, ce qui a entraîné des catastrophes agricoles chez certains paysans de notre région. Mesure de la pluvométrie au Sahel, Guiè, Burkina Faso
Nous avons reçu 647 mm d'eau en 2007, répartis sur une période de 20 semaines. Cela nous donne une moyenne de 32 mm par semaine sur l'ensemble de cette période pluvieuse (13 mai au 20 septembre). Mais seules 18 semaines de cette période ont été réellement pluvieuses et 2 semaines n'ont connu aucune pluie (une en mai et une en juin).
Quelques données :
  • Nous n'avons eu aucune pluie précoce en mars et avril.
  • Le mois de mai n'a connu que 2 pluies.
  • En juin, les pluies ont été régulières mais très insuffisantes.
  • La pluviométrie a été régulière et abondante en juillet et en août.
  • En septembre la dernière bonne pluie est tombée le 14 ; 2 petites pluies l'ont suivie les 18 et 20, puis plus une goutte d'eau ... La saison s'est arrêtée un mois trop tôt !
  • L'ensemble de la pluviométrie est tombée en 32 pluies, soit une moyenne de 20 mm par pluie.
  • La pluie la plus faible a été de 0,12 mm (le 6 juin) et la plus forte, de 71 mm (le 5 août, soit 30 % de la pluviométrie de ce mois d'août).
  • Une pluie dure en moyenne une heure.
  • 1 millimètre d'eau correspond à 1 litre d'eau par mètre carré.

Les pluies ont été abondantes en aoûtLes semis effectués en juin n'ont en général pas réussi, les quantités reçues ont été bien insuffisantes sur nos sols encore secs et chauds au sortir de la longue saison sèche (7 mois).

Les semis n'ont vraiment pu se faire qu'à partir du début juillet où les pluies sont devenues régulières et largement suffisantes, sans excès destructeurs dans notre région, contrairement à d'autres régions du Burkina Faso.

Le problème a été l'arrêt brusque des pluies à la mi-septembre, soit un mois trop tôt ! Il en résulte des rendements catastrophiques chez les agriculteurs qui n'utilisent pas les nouvelles techniques de production (zaï, mulching, ruissellement zéro, rotation culturale, jachère améliorée).
Nous avons fait des sondages de rendement chez 11 paysans ne pratiquant pas ces techniques. Cela donne une moyenne de récolte de céréales de 340 kg à l'hectare. Sachant qu'une famille cultive environ 3 hectares de céréales, la récolte moyenne est de 1.020 kg par famille. Avec cela une famille de 10 personnes (1 couple + ses enfants + les proches parents à charge) ne peut se nourrir que 6 mois. Nous pouvons donc nous attendre à des situations de famine en 2008, entre le mois d'avril et les premières récoltes, en septembre (le maïs).

Heureusement, de plus en plus de paysans pratiquent les nouvelles techniques et s'affranchissent des aléas climatiques. La sévérité de cette saison pluvieuse n'a toutefois pas permis d'obtenir les meilleurs rendements possibles en zaï. Toutefois, des rendements de plus de 1.000 kg par hectare ont été enregistrés dans certains de ces champs.

Dans nos champs expérimentaux, nous avons au contraire élevé nos rendements, avec cette année 3.228 kg à l'hectare ! A cela plusieurs explications :

Plantation de sorgho selon la méthode Zaï, Guiè, Burkina FasoToute l’eau des fortes pluies s’est infiltrée dans le sol.
Après plusieurs années d’une rotation culturale à forte production de biomasse, la vie du sol s’est améliorée.

Le sous-solage mécanique et le Zaï ont permis un enracinement profond des plantes.
L'amélioration des conditions de culture nous permet depuis cette année d'utiliser des semences de variétés améliorées issues de la recherche agronomique.
Malgré les vicissitudes du climat, la ferme pilote de Guiè conserve une longueur d'avance dans son combat contre la désertification et pour assurer la sécurité alimentaire. Cela confirme une fois de plus qu'il faut revoir nos système agro-environnementaux pour nous adapter aux changements climatiques.

Pour venir en aide aux paysans qui seront en grande difficulté pour la soudure 2008, l'AZN interviendra de 2 manières :
  • Nous tenterons d'augmenter nos réalisations à haute intensité de main-d'oeuvre (réalisation de mares, de bullis, de routes), en plus du périmètre bocager en cours actuellement. Ces travaux à haute intensité de main d'œuvre rémunérée, permettent aux plus démunis de s'acheter les céréales qu'ils n'ont pu récolter durant la campagne agricole, tout en participant à la conservation des eaux et des sols de leur terroir.
  • La banque alimentaire fonctionnera cette année ; le principe en étant que pour venir en aide aux populations dans la souffrance, l'AZN revend à prix social des céréales achetées dans les régions excédentaires du Burkina. Le coût de l'opération est pris en charge par la solidarité de nos partenaires.

Henri GIRARD
Directeur de la Ferme Pilote de Guiè
Janvier 2008

Vous pouvez nous aider et participer à notre lutte contre la désertification au Sahel.