Rwanda : Aide aux enfants des rues, rapport d'activité

en savoir plus sur la retour en famille de l'enfant des rues

Ce sont fréquemment de très jeunes enfants qui se retrouvent dans la rue
Enfants identifiés
Le Point d’Ecoute procède régulièrement à l’identification des enfants de la rue dans Gisenyi et ses alentours.
Mis à part au centre ville et au marché de Nyakabungo, les enfants de la rue sont aussi identifiés à la Boucherie de Cyanika, au Centre de Mahoko et au marché de Nyaruhonga.
D’emblée, nous nous réjouissons de constater qu’il y a diminution de l’effectif des enfants de la rue. De plus, leur présence varie selon les saisons. Au moment de la récolte, il y a beaucoup moins d’enfants dans la rue qu’à la saison de culture. Ceci est une indication pour confirmer que c’est trop souvent la faim qui pousse les enfants dans la rue. Présentement, on dénombre environ 75 enfants dans la ville de Gisenyi et le marché de Nyakabungo, et 28 au centre de Mahoko.
On ne peut pas dire avec exactitude le nombre d’enfants se trouvant à Cyanika car on retrouve souvent ces mêmes enfants au centre ville et à Nyakabungo.
A Nyaruhonga, il n’y a pas beaucoup d’enfants en permanence dans la rue, on ne les trouve que les jours de marché où un bon nombre d’enfants font une école buissonnière en vue de gagner un peu d’argent avec le transport de bananes provenant de Buzi en RD du Congo.
Cependant, il y a toujours lieu de parler de la responsabilité des parents dans le phénomène des enfants de la rue. La majorité des enfants affirment qu’ils sont envoyés par leurs parents pour chercher de l’argent et ceci concerne surtout les enfants migrateurs.
Un autre phénomène qu’il faut signaler est que, avec la surveillance du marché par les « local defense », les enfants de la rue n’ont plus d’accès au marché. Ils se promènent dans les quartiers périphériques de la ville où ils peuvent s’introduire facilement dans les enclos et commettre des dégâts, entre autres voler tout ce qu’ils trouvent à leur portée.
Enfants réinsérés
Le but final de l’action du Point d’Ecoute est bien sûr la réintégration familiale des enfants ; mais la chose n’est pas si facile et il est parfois long d’amener les enfants à accepter le retour en famille. Sur 50 enfants des rues interrogés quant à leur réintégration familiale :
  • 15 sont favorables à la réinsertion familiale,
  • 11 n’ont pas où aller et souhaiteraient avoir une famille d’accueil,
  • 11 ont peur de regagner leur famille,
  • 13 sont hostiles à la réinsertion et ne veulent pas quitter la rue.
Au cours du 1er semestre 2008, 31 enfants ont pu être réinsérés en famille, dont 8 en famille d’accueil.
Enfants des rues réinsérés dans leur famille Ces derniers temps les animateurs ont relevé quelques difficultés au niveau des familles d’accueil. La plupart de ces familles prennent les enfants en espérant avoir en contrepartie des biens matériels ou autres avantages via le canal du Point d’Ecoute. Quand ils estiment qu’ils ne reçoivent pas assez, ils leur arrivent de maltraiter les enfants en les accusant de tous les maux.
Malgré cette situation, bon nombre d’enfants continuent à manifester de l’intérêt à entrer en famille d’accueil.
Une attention plus spécifique est donc portée aux enfants vivant en famille d’accueil pour éviter toute maltraitance pouvant entraîner un retour à la rue. Dans ce cadre, quelques changements de famille ont dû être effectués.
Réintégration scolaire
Le Point d’Ecoute scolarise 367 enfants des rues et enfants vulnérables à l’école primaire, dont 138 filles. Notons que pour ce premier semestre, 24 enfants parmi les 31 réinsérés en famille ont aussi pris le chemin de l’école. Tous ces enfants sont appuyés en matériels relatifs à la scolarisation (cahiers, stylos, cartables, uniformes et chaussures,) et sont inscrits à la Mutuelle de santé.

Jean-BoscoMais il ne suffit pas d’octroyer le matériel scolaire. Le Point d’Ecoute encourage la scolarité et les résultats de ces enfants par le biais d’un suivi régulier au niveau des centres scolaires, respectivement par les animateurs permanents du Point d’Ecoute et les parents animateurs qui les épaulent.

Ces parents animateurs constituent une structure qui a été mise en place en vue de renforcer le personnel d’encadrement du Point d’Ecoute. Ils travaillent bénévolement et chaque secteur est servi par deux animateurs, un homme et une femme.

Le Point d’Ecoute scolarise également 41 collégiens, enfants vulnérables et enfants des rues, dont les résultats donnent entière satisfaction. Dénommés Aînés du programme, ces élèves sont tous internes et reçoivent, au début de chaque trimestre, le matériel scolaire et d’hygiène nécessaire.

+ Hélas, nous pleurons avec regret la mort inopinée de notre cher
NIZEYIMANA Jean-Bosco
survenue en date du 12 Avril 2008.
Aîné de notre programme, bon élève en 2ème année au Collège Baptiste de Gisenyi, il est mort à l’âge de 16 ans.
Que son âme repose en paix. +

Formation professionnelle
Les jeunes qui avaient démarré une formation professionnelle en juillet 2007 viennent de passer leur examen final.

Sur les 10 inscrits, 7 ont bien réussi toutes les épreuves et sont aujourd’hui possesseurs du diplôme.
Rassemblements hebdomadaires
Rappelons que le rassemblement des enfants de la rue est une méthodologie utilisée par le Point d’Ecoute en vue de favoriser les échanges avec les enfants, pour connaître les problèmes auxquels ils se heurtent au quotidien et de comprendre pourquoi ils ont quitté leurs familles. Le but final de cette démarche est d’amener progressivement les enfants à contribuer à la recherche de solutions à leurs problèmes pour aboutir enfin à leur retour en famille. Rassemblement hebdomadaire des enfants des rues
Le trait commun pour tous ces enfants est qu’ils sont dans la rue suite à un manque d’encadrement familial dû à des conflits internes, entre autres une famille nombreuse, le remariage des parents, le décès de l’un des parents, la pauvreté, les violences, l’irresponsabilité des parents... Mais il y a aussi des cas d’enfants qui veulent être indépendants avec une autonomie financière.
Il n’y a pas de recette toute faite pour réintégrer un enfant, il s’agit de tout un processus. En vue d’améliorer ce processus, une nouvelle approche est en expérimentation.
Le jour du rassemblement, les enfants sont confrontés à leurs parents à qui ils exposent librement leurs problèmes, parlent de la violence dont ils étaient victimes à la maison pour ne citer que cela.
Les parents ont souvent des difficultés pour se défendre, ils n’imaginaient pas que les enfants allaient tout dire et sont forcés de réfléchir en profondeur à la situation. Ces rencontres sont de ce fait très bénéfiques, beaucoup de problèmes trouvent des solutions sur place. Les parents se donnent mutuellement des conseils et s’engagent souvent à contacter et rencontrer les parents absents pour faciliter les réintégrations familiales. Quinze enfants ont ainsi rejoint leurs parents et trois autres ont trouvé une famille d’accueil au cours du semestre.

Une autre leçon à tirer est la sensibilisation des parents au phénomène des enfants de la rue et à la vie qu’ils mènent. Ils se sont engagés à contribuer énergiquement à l’éradication du phénomène enfants des rues en organisant des rencontres et contacts avec d’autres parents pour prévenir l’arrivée d’autres enfants dans les rues et permettre aux enfants réinsérés de ne plus retourner dans la rue. Toilette des enfants de la rue dans le lac Kivu
Santé - Hygiène
Si on assure une éducation morale aux enfants de la rue, on ne peut pas oublier leur santé et c’est dans ce cadre que tout enfant encadré par le Point d’Ecoute a bénéficié en 2007 d’une adhésion à la Mutuelle de santé MUSA.

Les rassemblements du mardi sont l’occasion d’éduquer les enfants de la rue sur les problèmes d’hygiène et de santé. Ce jour-là, ils reçoivent du savon puis ils se lavent et font la lessive dans le lac Kivu sous la surveillance des animateurs.

De plus, ils reçoivent chaque mardi des sensibilisations sur les sujets importants traitant de l’hygiène et de la santé. Spécifiquement au VIH, les enfants de la rue sont plus exposés car leur mode de vie peut contribuer facilement à la contamination. Pour une meilleure éducation des enfants en matière de VIH, il est régulièrement organisé des séances vidéo visant à démontrer aux enfants les méfaits du VIH et les amener à changer leur comportement.
Appui aux familles des enfants réunifiés
La réintégration est un processus long qui demande pour réussir l’engagement de plusieurs acteurs dont les enfants eux-mêmes et leurs parents sans oublier leur entourage.

Pour améliorer les conditions de vie des parents des anciens enfants de la rue regroupés en association « Sauver les Enfants », un appui financier est octroyé aux parents pour financer des micro-projets.
Aide à la création d'activités génératrices de revenus par le biais du micro-crédit
85 membres de l’association ont bénéficié d’un financement pour développer un petit projet générateur de revenus. Les bénéfices déjà réalisés sont satisfaisants et méritent un encouragement.

Grâce à cette activité, il y a lieu de noter une réelle amélioration des conditions de vie en famille. Résultat visible : aucun enfant des familles bénéficiaires n’est retourné dans la rue.

Types de projets Nbre
Commerce de chèvres 3
Commerce de légumes verts 3
Commerce de pommes de terre 12
Commerce de haricots 2
Commerce de régimes de bananes 20
Commerce de maïs 1
Restaurant 1
Commerce pommes de terre grillées 2
Boissons non alcoolisées 1
Transport à vélo 1
Echange de monnaie 1
Objets divers 38
TOTAL 85
Rappelons que les petits projets financés sont à caractère commercial et sont exercés soit au niveau des quartiers, soit au marché central de Gisenyi ou celui de Mbugangali.
La spécificité pour ce genre de crédit est qu’il n’y a pas d’intérêt lors du remboursement, mais que l’on exige une épargne obligatoire, un indicateur qui permet de vérifier la bonne marche des affaires.

N.B : Une personne qui vient de rembourser la totalité de la somme prêtée a droit automatiquement à un autre crédit. Le plafond à ne pas dépasser est de cent mille (100 000) francs rwandais et le délai maximal de remboursement est de 8 mois.

Aloys Kaberuka
Coordonnateur du Point d'Ecoute
Juillet 2008

Pour soutenir notre action, vous pouvez vous aussi vous engager dans le
parrainage d'un enfant des rues au Rwanda.